La construction a un coût environnemental. Puisqu’on peut maintenant mesurer la part de réchauffement climatique d’un agrégat, un isolant ou un équipement électrique, ce critère devient déterminant pour les clients du BTP. Il sera bientôt indispensable de travailler avec des entreprises qui peuvent produire le FDES de leurs produits.
Ce qui était encore confidentiel il y a quelques années n’a plus rien d’anecdotique. De la façade à l’étanchéité, en passant par l’isolation, le revêtement de sol, le génie climatique, et jusqu’à la voirie immédiate, l’intégralité du bâtiment et ses abords peut aujourd’hui passer au crible de l’impact environnemental. Tout est consigné dans les précieuses FDES (Fiches de déclaration environnementale et sanitaire), disponibles au téléchargement gratuit sur le site de l’INIES. Ne pas avoir les siennes pourrait très vite devenir un handicap sérieux.
À l’origine, ces fiches permettaient de s’assurer de la fiabilité d’un produit de construction. Désormais, elles rejoignent l’analyse énergétique d’un projet de bâti. « Pour les architectes, c’est un critère de choix, analyse Laura Carrillo, responsable technique chez ECOVEGETAL. Ils sollicitent de plus en plus souvent leurs clients sur le cycle de vie de leurs produits. Pour un entrepreneur du secteur, c’est une ouverture à de nouveaux marchés. » Elles pourraient même, à terme, être exigées pour l’attribution de subventions à la construction durable ou la rénovation énergétique.
Fiches FDES : à quoi servent-elles ?
Six à neuf mois de procédure et jusqu’à 10 000 € par document : voilà qui pose le sérieux de la précieuse Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire. Et pour cause, chaque fiche passe méticuleusement en revue tout le cycle de vie d’un article vendu par une entreprise du bâtiment. Phase de production, mise en œuvre, vie en œuvre et fin de vie, on étudiera la fabrication du produit, la distance totale parcourue par le produit, la façon dont l’entreprise le travaille et la dépense totale d’énergie pour ce faire, l’entretien du produit une fois installé, la fréquence d’entretien, la durée de vie…
Un premier expert se charge de collecter un maximum de données sur le produit, de les compiler, les analyser, les questionner, etc. Puis, une fois la première fiche rédigée, elle passe entre les mains d’un deuxième expert indépendant qui vérifie l’intégralité du document. Enfin, l’INIES en produit une version réduite et lisible, qu’il publie sur son site en accès libre.
« Aujourd’hui, la valeur star des FDES que consultent tous nos clients, c’est la part de réchauffement climatique, exprimée en kg de CO2 équivalent », commente Laura Carrillo. « Plus elle est basse, mieux c’est, évidemment. Ensuite, on regarde le poids du produit dans l’appauvrissement de la couche d’ozone, ou encore l’épuisement des sols. ».
Quel risque réel à ne pas faire évaluer ses produits ?
Avec la croissance de la demande, les FDES se systématisent. Elles sont soit collectives (réalisées par plusieurs entreprises sur un produit type) soit individuelles (commandées par chaque entreprise sur un produit unique). Et tant qu’une entreprise n’en a pas sur ses produits, elle doit fournir les fiches par défaut, éditées par le ministère… Avec des valeurs moyennes et majorées, qui ne vont pas l’avantager.
Le risque, finalement, à ne pas s’intéresser dès aujourd’hui aux FDES, c’est de voir ses produits mal évalués, voire d’être écarté du projet par un architecte qui préfèrera travailler avec un partenaire pourvu de toutes les évaluations.