La ville « moderne », celle du XIXe siècle et des réseaux d’assainissement globaux et au tuyau, c’est du passé. Aujourd’hui, la définition de la modernité se fait plutôt « à la parcelle », directement là où l’on construit.
Pourquoi raisonner à si petite échelle, quand on a passé plus de deux siècles à penser à une échelle globale ?
Les schémas de pensée suivent tout simplement les évolutions mécaniques de notre gestion collective de l’eau. Et celle-ci commence à souffrir sévèrement de nos modes de vie et des événements climatiques extrêmes.
Or, les réseaux d’assainissement qui saturent, les nappes phréatiques et les cours d’eaux pollués ou encore les inondations ont un coût d’entretien très élevé.
Alors, pour réduire les coûts d’investissement et de fonctionnement des systèmes de gestion des eaux, l’une des solutions qui marchent le mieux, c’est de raisonner à la parcelle. C’est-à-dire de mettre en place une gestion durable, ou encore « intégrée ».
Que signifie à la parcelle » ?
Une gestion des eaux à la parcelle signifie que l’on intègre la goutte d’eau au plus près de l’endroit où elle tombe.
Cela implique donc une réflexion de type « quelles surfaces pour mon projet de construction », ou « quel système de filtration des eaux ». C’est l’inverse du raisonnement classique, qui se posait plutôt la question « où et comment relier ma parcelle au système commun d’évacuation ».
Filtration, perméabilité, drainage : voilà le nouveau vocabulaire moderne qui remplace l’ancien mode de pensée « tout-tuyau ». On récupère les eaux de pluie pour les gérer directement sur place, par une infiltration naturelle dans les sols et les sous-sols, et/ou par un système de stockage temporaire.
On évite ainsi d’engorger les réseaux de canalisations urbains en cas d’intempéries, et on évite le ruissellement.
Gestion des températures : tout à la parcelle
Penser « à la parcelle » signifie aussi que l’on peut limiter les variations extrêmes de températures, notamment les fameux et redoutables îlots de chaleur. Ces épisodes de canicule qui tendent à se reproduire sont fortement liés à l’imperméabilisation des sols et des surfaces en ville. Béton, verre, ces surfaces urbaines absorbent et réfléchissent la chaleur, rendant l’air irrespirable en été.
À l’inverse, une surface perméable respire. Les végétaux compensent naturellement la chaleur, notamment par le phénomène d’évapotranspiration. Une toiture végétalisée ou un parking perméable peuvent faire baisser de plusieurs degrés la température par rapport à une zone 100% imperméabilisée.
Pourquoi s’y mettre ? Parce que c’est la loi !
S’il est temps de parler de parcelle, c’est aussi que la documentation et la réglementation se font de plus en plus riches sur le sujet. Ce sont aujourd’hui des SDAGE, des Plans de Prévention des Risques ou Plans de gestion des risques d’inondation (PGRI), des mentions dans le Code Civil, le Code Rural, etc.