Maîtriser la chaleur : et si vous étiez élu(e) maire d’une grande ville?

Table des matières

Imaginez. A l’issue d’une campagne électorale mémorable, vous venez d’être élu(e) maire d’une grande ville. Paris, New-York, Berlin, Marseille, Lyon, Mexico… Choisissez celle que vous préférez. 
Quel que soit le choix que vous ferez, vous serez confronté très vite au même problème : la chaleur qu’il y règne l’été. Une chaleur toujours plus importante. 
Quelles seront vos premières décisions ? Quel(le) maire ferez-vous ?

Chaleur dans les grandes villes : ne mélangez pas les problèmes.

Sous la pression médiatique (questions des journalistes à propos des accords de Paris, du désengagement américain, de la concurrence entre grandes métropoles, etc.) vous risquez d’être conduit(e), dans vos premières déclarations à confondre les sujets.

Si vous ne maîtrisez le dossier du climat que de loin, vous risquez de tomber très vite dans le piège du raisonnement trop global.

Si, à la question « que comptez-vous faire contre les îlots de chaleur, maintenant que vous êtes élu(e) ? », vous répondez en traitant du changement climatique et en disant, par exemple, que vous respecterez les engagements pris par votre prédécesseur lors des accords de Paris, vous êtes cuit(e).

Vous venez de faire LA bourde politique qui vous poursuivra pendant des années. Les vrais spécialistes de l’écologie et les groupes de pression environnementaux n’ont pas fini de vous le faire payer.

Non. Le problème des îlots de chaleur n’a rien à voir avec le changement climatique. 
Certes, celui-ci aggrave considérablement le problème, mais il n’en est pas l’origine. 

Et oui, autant  vous ne pourrez lutter contre le changement climatique qu’en vous alliant avec les autres villes et en prenant des mesures concertées avec elles afin d’agir tous ensemble au niveau planétaire, autant vous pouvez, à votre plus petit niveau d’agglomération, faire quelque chose là, tout de suite, maintenant pour vos administrés.

Et, compte tenu de la croissance des températures moyennes, l’été, dans les grandes villes, soyez sûr(e) qu’ils sont demandeurs.

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Le phénomène des îlots de chaleur est lié à l’artificialisation des sols

La création d’îlots de chaleur en ville (des zones où la température moyenne est supérieure jusqu’à 5°C de ce qu’elle est à quelques kilomètres seulement des limites de l’agglomération) est lié aux phénomènes thermiques entre bâtiments et aux constructions humaines utilisant des matériaux inertes.

Les matières utilisées traditionnellement pour la construction (tuiles, verre, béton, pierre, bitume, etc.) sont inertes et lorsque le soleil les frappe de ses rayons, il se produit deux phénomènes : la réverbération(une partie de l’énergie se reflète et va frapper les murs, trottoirs ou toitures alentour) et la conduction (le reste de l’énergie est transmise directement via les matériaux aux bâtiments (voir notre article sur ce sujet). Résultat : il fait plus chaud. Tant à l’intérieur des immeubles qu’à l’extérieur, dans la rue.

Les phénomènes se cumulent et amplifient le sentiment d’étouffement que vos administrés vous presse d’éliminer.

Alors que pouvez-vous faire ?  Mettez-vous à fond dans votre rôle en faisant notre quiz et testez le type de maire que vous feriez.

Limiter au plus vite les risques d’aggravation

Vous l’avez compris,  si îlot de chaleur et changement climatique ne sont pas liés, les deux phénomènes se cumulent. Et le risque est la survenue de canicules réellement meurtrières.  Camilo Mora, professeur à l’université de Hawaï à Manoa (Etats-Unis) est l’auteur d’une étude publiée dans la revue Nature Climate Change en 2017. Il a montré que ces canicules meurtrières, telles que celles que l’Europe a connue en 2003 et a tué 70 000 personnes, où celle qui s’est installée en Inde et au Pakistan en 2017, a vu la température monter à 53°C et tuer des milliers de gens, touchent déjà 30% de la population mondiale. En 2100, ce sera le cas de 75% des êtres humains.

Si l’artificialisation des sols ne se réduit pas très vite dans les villes, le phénomène sera amplifié. D’autant qu’il sera souvent suivi de pluies diluviennes et que l’on verra donc des inondations ajouter aux dégâts de la sécheresse.

Favoriser l’agriculture en ville

Si, en faisant le test, vous vous êtes demandé(e) pourquoi on parlait de potager sur les toits et pourquoi il fallait sacrifier à des mesures qui ont l’air d’être destinées à des  « bobos », alors il faut légèrement changer de perspective.

Contrairement à ce que l’on peut croire, le retour de l’agriculture dans les centres villes est un mouvement de fond. Dans toutes les grandes villes, des startups produisant des légumes en plein centre se développent, testant des méthodes toujours plus originales, les toits des immeubles se transforment en jardins potagers, des grands magasins commencent à vendre les légumes qu’ils produisent eux-mêmes sur le toit.

Ces expériences ont un triple objectif :

  • améliorer le bilan carbone des légumes consommés en ville, en limitant les transports. Les fraises et les tomates que vous dégusterez n’auront pas fait des centaines de kilomètres comme aujourd’hui, mais quelques dizaines de mètres seulement. Résultat : on pourra les cueillir plus tard, elles auront meilleur goût
  • compenser l’artificialisation des sols. Chaque année en France, l’urbanisation fait perdre en surface agricole l’équivalent de plusieurs départements. Il est urgent d’inverser cette donnée. Mais comme il faut aussi loger toujours plus de monde, il n’y a pas d’autre solution que de compenser et de reconquérir sur les surfaces bâties (ou autour) des espaces agricoles ou naturels
  • lutter contre les îlots de chaleur et l’imperméabilisation. Des toitures qui se végétalisent et accueillent des potagers, ce sont autant de mètres carrés qui permettront de lutter contre le phénomène d’îlot de chaleur. Si, en lieu et place de la réverbération et de la conduction de chaleur des matériaux, on favorise l’absorption et l’évapo-transpiration, ce sont des calories qui seront piégées au lieu d’être rejetées.

Sur l’agriculture en ville, regardez cette vidéo.

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La conception des villes joue son rôle

Cette étude du CNRS a changé beaucoup d’idées reçues.

On croyait que le meilleur moyen de lutter en ville contre la chaleur était d’élargir les rues, de faire circuler l’air, que la vision Haussmannienne de la ville ne pouvait qu’être bénéfique en la matière. 
Il semblerait que ce soit le contraire. Si aux Etats-Unis, où les villes sont très aérées et les avenues bien larges, les îlots de chaleur concernent plus de 80% de la population urbaine, c’est bien que cet a priori possède un bug quelque part.

En effet, les chercheurs (CNRS / MIT) ont analysé quantité de paramètres et ont découvert que les bâtiments  peuvent s’échanger de l’énergie plus ou moins facilement selon leur organisation spatiale. Et autant la chaleur reste piégée dans les grandes villes aux artères rectilignes, autant  les villes aux centres anciens avec des plans désorganisés maîtrisent mieux les îlots de chaleur, les ruelles étroites, souvent ombragées et sinueuses créant un phénomène de « climatisation naturelle ».

Cette découverte devrait vous inspirer, en tant que nouveau maire, pour vos prochains documents d’urbanisme

On le voit, il y a en la matière beaucoup à innover : en refaisant apparaître du sol (trottoirs, parkings, cours d’école, etc.), en végétalisant les toits et les murs et en abandonnant l’organisation trop rectiligne des quartiers, il y a sans doute de nombreux degrés de chaleur à compenser à la baisse. Et donc, des morts à éviter. Vite, présentez-vous aux élections.

Et si vous étiez élu maire ? Les réponses de Pierre Georgel